Monique W. Labidoire

1 - Gardiens de lumière

2 - D'une lune à l'autre (après Gardiens de lumière)

3 - Voyelles bleues consonnes noires (après D'une lune à l'autre)

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Gardiens de lumière Monique W. Labidoire

(Editions Alcyone, Collection Surya).

ISBN : 978-2-37405-022-5

Les textes sont accompagnés de la reproduction d'une encre de Silvaine Arabo.

Les thèmes du Jour et de la nuit comme instants vécus dans la réalité vivante aussi bien dans la lumière de la connaissance que dans l’enfermement de l’obscur apparaissent ici comme lieux privilégiés du poème.

Dans ce vingt-et-unième siècle bouleversé, Monique W. Labidoire consent à porter le flambeau et garder une lumière d’espérance. Cette flamme n’échappe ni à la nostalgie, ni à la mélancolie dans une mémoire où l’absence et la présence sont toujours les matériaux du poème et le rythme du chant.

Avec ce nouveau recueil, Monique W. Labidoire nous donne, une fois encore, la voix murmurée et pénétrante qui est la sienne.


Du jour

La main coule au diapason de la rivière mêlant ses doigts aux herbes, heurtant quelque branchage flottant. L’oreille s’ouvre au tintement limpide des musiques aquatiques tandis que la mélodie du jour ne retient que la mémoire lointaine d’un temps aujourd’hui perdu. À la fenêtre ouverte des cités nouvelles, les pigeons et les moineaux se disputent l’épaisse rumeur des chantiers de vie.


De la nuit

C’est bien de nuit noire qu’il s’agit. Lettres et mots n’accompagnent plus le désir, la palette du peintre s’est éteinte, la rondeur du sein s’est gravée dans la paume d’une main et les bruits alentour amplifient notre mémoire. Mais la mémoire s’illumine et éclaire les ténèbres dans lesquels s’ajoute les voix de la nuit, les musiques d’un au-delà du temps qui permet de mieux chanter miserere.


Du jour

Lui aussi se grise d’autres nuages et d’autres paysages. Assoiffé de merveilles il avance dans sa majesté quotidienne, frôlant mille dangers, se donnant à l’amour, à l’étranger de passage, aux cascades et au vent. Il saisit l’aventure des mers et des volcans, fouille les terres anciennes en quête d’une fibule et de quelques brisures d’une vasque dernier témoignage de l’intimité d’une femme.

De la nuit

La nuit ferme ses paupières un peu gonflées de tristesse. Il lui faut maintenant affronter l’obscur sans étoiles et le champ de tournesols sans soleil. Patienter jusqu’aux premières lueurs de l’aube et les premiers rayons du jour pour peindre à nouveau les couleurs du ciel et des fleurs, brosser la toile ajourée de points de broderie afin que la main tisse ses heures.

Du jour et de la nuit

À la verticale de la terre le jour étreint la nuit et le solstice déverse sa lumière sur le monde.  L’horloge des planètes n’éteint plus le jour. L’animation des astres conduit les océans à s’unir aux forêts et les rivières redonnent naissance aux espèces disparues. Jour et nuit fraternisent dans l’attente d’un lendemain où le chant trouvera au plus près son phrasé de mots et de musique.
                             Gardiens de lumière de Monique W. Labidoire
                                      Extraits de la section Du jour De la nuit
                                                    © Editions Alcyone

Vous pouvez écouter des poèmes de Monique W. Labidoire en cliquant sur la flèche du fichier MP3, en bas de page.


                                           Bibliographie


Poésie
Dans le jardin obscur : libre conversation sur la poésie, avec Alain Duault
 Ed. Le Passeur- 2014 -
L’intimité du poème : Sac à mots édition - 2014
Mémoire d’absence : Editinter - 2010
Requiem pour les mots Editinter - 2009
Soudaines sources –  Sac à mots édition – 2006
Les quatre éléments, chez Robert Blanchet - tirage limité -
Livre d’artistes, gravures de Robert Blanchet
Poèmes de Guillevic, Michel Butor, Jean Campa et Monique W.Labidoire - 2005
Lointaines écritures Editinter - 2005
Épeler le monde  (écriture à deux voix) avec André R. Labidoire (L-G-R) 2000
Peuplement de la parole Editinter - 2003
Littoral – Livre d’artiste - Gravures Jean Guy Rousseau Atelier de Villemorge - tirage limité - 2002 -
Jardin dans la presqu’île Alain Benoît - 2001
L’exil du poème Librairie Galerie Racine - 2001
Mémoire du Danube La Bartavelle - Gravures de Marie Alloy
Préface d'Henry Bulawko - 2000
L'âne et la myrtille La Bartavelle - Poésies pour enfants - 1999
Triptyque  La Bartavelle -1997
Natures Illimitées Le Milieu du Jour - Postface de Guillevic - 1995
Géographiques  Le Milieu du Jour -1991
Cassures S.G.P. - 1983
Arythmies S.G.P - 1978
Saisir la fête Guy Chambelland -  Préface de Guillevic - épuisé - 1967
Le Maillon la chaîne Guy Chambelland - épuisé - 1964

Un essai : S’aventurer avec Guillevic et 9 poètes contemporains : Marc ALYN, Marie-Claire BANCQUART, Serge BRINDEAU, Andrée CHEDID, Charles DOBZYNSKI, Alain DUAULT, Daniel LEDUC, Bernard VARGAFTIG, Serge WELLENS.  Editinter (Novembre 2006)

Un récit : Une enfance et un peu plus… Editinter - 2010 -

                                           

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ARTICLE DE ALAIN DUAULT SUR GARDIENS DE LUMIÈRE DE MONIQUE LABIDOIRE

 C’est un livre qui se balance, un livre qui bat, comme un cœur, un livre qui fait d’abord alterner le jour et la nuit avant de faire alterner d’autres états, la présence, la nostalgie, le silence, l’absence, la mélancolie, la joie, dans une sorte de murmure comme celui des marées qui reviennent obstinément. L’ultime poème donne le la et tire la « morale », comme on disait autrefois : « Il y a donc des gardiens de lumière, des vigies postées aux carrefours des pages qui laissent portes ouvertes aux messagers du poème ». Tout ce beau livre de Monique W. Labidoire, Gardiens de lumière, énonce cela avec un rythme subtil, une musique qui s’insinue, creusant profondément dans ce lien qui nous constitue comme partie de ce « tout » que composent la nature, la mémoire, l’écriture.
          Et si ce rythme du jour et de la nuit organise toute la première partie du livre, il trouve son écho dans la seconde : « Le noir et le blanc accordent leurs violons et font grincer les cœurs ». Car certaines nuits sont blanches et certains jours sont noirs mais – on se souvient du beau vers d’Edmond Rostand : « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière » – le travail obstiné du poème s’affaire à faire renaitre « la chance du jour ». Bien sûr la beauté que révèle, au sens photographique, la nature dans ses mille et une apparitions, dans son lien sans cesse renaissant entre l’humain et la nature, est garante pour la voix du poète de cette présence au monde. Des images simples, évidentes, en assurent la présence : « La main coule au diapason de la rivière mêlant ses doigts aux herbes ». Pourtant, assurément rien ne sera simple pour cette épiphanie – « Pour ce qui est de la bonté et de la beauté, il y aura des nuits de veille, pour longtemps » – mais le poème traverse le « jardin de la tolérance » pour faire renaitre sans cesse une espérance, fut-elle assise sur cette mémoire labile qui nous constitue. Les morts nourrissent toujours la présence et le cycle des vivants : « Les cadavres pourrissant redeviendront terre de culture ». C’est ce qui fait naître chez Monique W. Labidoire cette volonté de ficher au cœur de ses poèmes des traces qui la relient à cet immémorial moulin, celui dont le rythme immuable ramène par exemple un hommage furtif à Guillevic : « Dans l’armoire du poète il y a des jours sans pain et beaucoup de morts » – qui fait écho bien sûr au célèbre poème de Terraqué, le premier livre du poète breton, paru en 1942 : « L’armoire était de chêne / Et n’était pas ouverte. / Peut-être  il en serait  tombé des morts, / Peut-être il en serait  tombé du pain. / Beaucoup de morts. / Beaucoup de pain. ». Mais il y a d’autres hommages tout au long du livre, à Apollinaire et son « guetteur mélancolique » (qui, on le sait, observe « la nuit et la mort »), à Proust et son « petit pan de mur jaune » : car le poème ne tombe pas de rien, « l’écriture questionne simplement » sans doute mais se relie à tout ce qui sédimente nos vies. Une question s’impose, forte, douloureuse : « Peut-on lasser le jour de notre inquiétude et civiliser l’état sauvage de nos nuits ? ».
          La seconde partie du livre élargit cette volonté d’apprivoiser les lumières qui sont en nous pour qu’elles éclairent le présent des hommes et des femmes emportés par « la dérive des sentiments ». Car il y a eu des déchirures, il y a eu des blessures profondes, il subsiste des bleus intérieurs sur lesquels la mémoire se replie, discrètement sans doute mais obstinément : « De l’absence à la nostalgie il n’y a qu’un tout petit pas qui se franchit doucement ». On peut, on doit continuer à vivre, même si l’on sait qu’ « il va falloir se résoudre à tuer l’espérance ». Pourtant – et c’est une constante de toute l’œuvre de Monique W. Labidoire depuis son premier livre, Le maillon, la chaine –, il n’y a chez elle jamais de plainte larmoyante, jamais de pathos exhibé, toujours au contraire une pudeur assumée et – c’en est le pendant – une volonté de croire en cette lumière, même au plus noir de la nuit devenue miroir de tant de douleurs enfouies, « cet espace encore caché qui dévoile peu à peu et pour soi seul ses intimes secrets ». Car, elle l’affirme avec une sorte de ferveur, « la nostalgie peut être douce et joyeuse quand les cuivres sont frottés avec l’énergie de retrouver brillance et lumière ».
         Un poème, au cœur du livre, semble résumer l’enjeu que s’assigne ce poète qui, depuis des années, nous pousse à respirer haut sans se cacher derrière l’illusion : « Poète du devoir, compagnon assemblant la charpente, tous deux fixent mots et clous comme le menuisier et le poète assemblaient mots et planches afin que la demeure tienne, à la verticale du ciel, pour un temps à jamais enchevêtré de liens invisibles. A sa présence toujours vive dans le poème c’est le cœur qui déclenche toutes palpitations. ». Cette admirable et tranquille méditation fait du bien dans ce monde en déshérence : elle affirme la parole, elle affirme l’être, elle affirme l’homme, dans sa lumière.

 
Alain Duault
Note de lecture en ligne sur le site

du Nouveau recueil de Jean-Michel Maulpoix

Gardiens de lumière, Monique W. Labidoire

Prix global en euros : 19,00€ (+ port/emballage : 4,00€)

Poèmes de Monique W. Labidoire dits par Silvaine Arabo

Monique W. Labidoire

Monique W. Labidoire

Parution de " D'une lune à l'autre", de Monique Labidoire

Vient de paraître aux Editions Alcyone (Collection Surya)  

D’UNE LUNE À L’AUTRE
DE MONIQUE W. LABIDOIRE

Edition à tirage limité, entièrement numéroté
Avec la reproduction de huit encres de Silvaine Arabo

Publication sur beau Papier de Création, blanc nacré, grain subtil 120 gr. ; couverture : Papier de Création, blanc nacré, grain subtil, 250 gr.

Car la mémoire est lieu cher à mon poème. Un lieu où j’avance sans bandeau les yeux grands ouverts et sans crainte de me heurter au mur le plus haut. L’avenir ne peut être que de mémoire franchie d’élévation quand le présent force le futur à éclairer le jardin. Jardin d’éden, jardin imaginaire, jardin de pierre, jardin de paix et de savoir. Jardin de connaissance et de partage. Jardin de poèmes et de lanternes. Jardin de roses éternelles. Jardin d’oubli et de mémoire.  

                        忘却と記憶の庭

                                                             Extrait de D’une lune à l’autre
                                                                                de Monique W. Labidoire
                                                                                        © Editions Alcyone

Article de Martine Morillon-Carreau sur D'une Lune à l'autre (publié dans la revue Poésie/première).

Monique W. Labidoire, D’une lune à l’autre, avec des encres de Silvaine Arabo, Éditions ALCYONE, collection SURYA,13€.
Voici, accompagné de huit encres de Silvaine Arabo – qui, dans leurs camaïeux de bleu,  incitent à« la réception féconde » des poèmes par le rêve et la méditation – un bien beau et fort émouvant recueil ! Inspiré à Monique Labidoire par Théo-Issey, son plus jeune petit-fils, franco-japonais, le livre, qui offre en bilingue et bleu son titre, ainsi qu’au moins une expression par poème, dépasse pourtant le tendre contexte anecdotique et familial. S’il s’adresse, en effet, en premier lieu à cet« enfant particulier », « Enfant de feu, de sang ,d’amour », la poète, à l’écoute des spécificités du pays natal de son petit-fils, cherche bien (sans vouloir effacer les différences) à rapprocher les imaginaires et les cultures, à les « faire respirer ensemble » dans une perspective universelle. Elle imagine ainsi pour lui, l’« enfant unique et multiple », « un chemin d’apprentissage » qui serait comme « une manière de faire couler le sable du temps dans un cœur ouvert » en gardant souvenir, au sein de ce (mé)tissage, de ses origines multiples, de la diversité de ses ancêtres. Un héritage à la fois riche et lourd, de Bashô à Rimbaud, du «Danube aux reflets d’or », des Carpates et d’Auschwitz à Hiroshima. De la Bretagne ou du Périgord aux jardins « de pierre et de graviers blancs ». Car, nous dit Monique Labidoire « la mémoire est lieu cher à mon poème  » ! Mais son livre se présente aussi, surtout, comme une ouverture au « temps de l’espérance », « un temps pour partager, un temps pour fêter les cerisiers  »

D'une lune à l'autre

Monique Labidoire

13,00€ (+ port/emballage 4,00€)

" Voyelles bleues consonnes noires " de Monique W. Labidoire

Voyelles bleues consonnes noires de Monique W. Labidoire.

Editions Alcyone, Collection Surya.

Edition à tirage limité, entièrement numéroté.
Avec la reproduction d'une encre de Silvaine Arabo.

Publication sur Papier de Création, blanc nacré, grain subtil 120 gr. ; couverture : Papier de Création, blanc nacré, grain subtil, 250 gr.

Note de lecture d'Alain Duault en fin de page. 

Monique W. LABIDOIRE est née à Paris de parents Hongrois. Sa rencontre avec GUILLEVIC sera déterminante pour son avenir de poète. Elle a animé de nombreux ateliers de poésie et a été pendant plus de vingt ans l’une des animatrices du «Mercredi du poète» où sont reçus des poètes contemporains dans toute leur diversité. Elle collabore à divers colloques et revues et nombreux sont ses travaux critiques sur des poètes contemporains parmi lesquels : Guillevic, Andrée Chedid, Marie-Claire Bancquart, Richard Rognet, Alain Duault, Jean-Michel Maulpoix, André Velter, Lionel Ray, Hédi Bouraoui...
Elle a publié vingt-cinq recueils, essai et récit dont les derniers :
L’Intimité du poème –  Sac à mots-édition – (2014)
Dans le jardin obscur : Libre conversation sur la poésie Monique W. LABIDOIRE,  Alain DUAULT : Le Passeur éditeur (2014)
Gardiens de lumière, aux éditions Alcyone (2017) ; D'une lune à l'autre aux éditions Alcyone (2017)
Grand Prix de la ville de la Baule et Grand Prix du Président de la République pour « Mémoire du Danube »
Prix Aliénor pour Requiem pour les mots.

Après tant de poèmes recueillis avec patience, Monique W. LABIDOIRE cherche toujours le comment et le pourquoi du poème. Elle n’en abandonne pas pour autant le cœur palpitant des mots qui appellent, peut-être plus fortement désormais, à un regard et une écoute ancrés dans un devenir espéré et une sagesse personnelle. « Ancrer son chant », c’est le désir de participer au monde, de résister aux grandes marées montantes du chaos et tout simplement être du monde, grâce au chant du poème. Avec ce nouveau recueil de haute intensité, « Voyelles bleues, consonnes noires », la poète construit une belle approche du mystère de la création poétique.

TEXTES

Du poème

Dans cette durée impalpable se répètent des milliers de points lumineux et d’instants éphémères.

L’abîme, le gouffre, la faille seraient des béances suffisantes aux angoisses d’outre-tombe et bien assez profondes pour recueillir l’écho de nos chants qui frappés d’une force nouvelle s’échappent pour aller attendrir d’autres plaines, d’autres territoires de lumière.

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Du poème

Une cour, un arbre, un regard, une prairie, l’océan, le corps en suspension, le cœur en frémissement.

Tout vibre à la verticale vers un ciel de traîne et le bleu lavé d’heures passées amenuise l’étendue qui jusque-là amplifiait la respiration.

Unir voyelles bleues et consonnes noires dans le climat ouaté de nos désirs afin de déverser l’espérance sur le papier bruissant des porteurs de feu.

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Du poème
 
Fiévreux, nous grimpons les degrés de non-retour et le crépuscule des hommes sonnera bientôt le glas de nos incertitudes.

Les cloches appelaient à l’espoir d’une délivrance ultime de la parole. Les mots cognaient à la porte de nos demeures et tentaient de résoudre l’énigme.

Mais les habitants, sourds à leur appel, tirent les tentures,   cadenassent leurs lèvres.

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Du poème


La parole déliée de tous les esclavages s’émancipe et brûle les étapes accueillant l’étranger dans son articulation différente, resserrant ses rythmes, allongeant son corps dans la volupté d’un désir trouvé.

Elle s’étire la parole et gagne des pays d’oasis et de palmiers, des pays de glace et d’ours blanc. Elle s’anime aux terrasses des cafés, sous les ombrages des platanes, au bord du fleuve et sa bouche s’emplit de fleurs et d’épines.

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Pour Alain Duault

Le poème


Dans le jardin obscur j’ai laissé entrer l’autre poète, mon frère, afin de partager au plus intime le frémissement, la palpitation, les mots proscrits, les consonnes apatrides, les voyelles étrangères qui prennent sens dans le feu volé çà et là dans l’immensité du domaine.

À bouleverser les heures du jour et de la nuit il se peut que la fenêtre s’ouvre sur un chant de fleurs illustré de gammes inconnues.

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Le poème

À chaque jour un chant creusé de terre, semé de cailloux, encordé d’idylle, refusant de courber le dos sous la voilure déchirée par l’ouragan des hommes et des éléments.

À chaque nuit un chant d’amour et la caresse de la lune sur les peaux hérissées de plaisir et de gouttelettes de sueur.

Au matin d’un nouveau monde y aura-t-il toujours un cœur palpitant au rythme des étoiles en quête du chemin ?

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Art poétique

La source se tarit et les mots noyés dans des yeux troublés d’ombre ne tracent que plaisir d’instant et s’entortillent de ficelles vites rompues par les avaries et la violence des tempêtes.

La beauté veille en proue d’un bastingage qui la protège mais jusqu’à quel bris de bois et de voiles, jusqu’à quel abandon des dieux.

Voguer au ciel de traîne jusqu’à la définitive rencontre des goélands et la contempler,

Elle, l’innommable, avec ses ailes de géant dans son obscure et mystérieuse lumière.
Monique W. Labidoire, extraits de Voyelles bleues consonnes noires

© Editions Alcyone, All rights reserved.

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Voyelles bleues consonnes noires, Monique W. Labidoire

Prix global en euros : 20,00€ (+ port/emballage : 4,00€)

 

Note de lecture de Alain Duault 

Monique W. Labidoire : Voyelles bleues, consonnes noires ; Editions Alcyone

On connait l’œuvre de Monique W. Labidoire qui, depuis plus d’un demi-siècle s’obstine à questionner sans cesse le réel, à interroger les mots qui le dessinent, à poser des miroirs dans la mémoire pour conjurer l’absence – ou l’ab-sens. Notre vie a-t-elle un sens : les mots sont là pour faire surgir ce sens s’il existe, pour l’élucider ensuite. 

Avec ce nouveau livre, Monique W. Labidoire se place délibérément au cœur de l’énigmatique fabrique langagière de tout ce qui nous fait exister : la beauté, le doute, les fleurs, les rivières, la mer, l’amour, le vent, le silence, les visages… Et elle (s’)interroge obstinément afin de savoir si ce qui nous fait exister nous fait aussi vivre. C’est cette méditation obstinée qui est la matière même du livre, et qui fascine – analogue en cela à nombre de compositions musicales, des Barricades mystérieuses de Couperin au Boléro de Ravel, mais surtout à tout ce courant de la nouvelle musique américaine surgie dans les années 1970, marquée par les noms de Steve Reich, John Adam ou Philip Glass. Partant des ragas indiens, ils ont créé cette musique d’abord baptisée « minimaliste » qui consiste en une infinité de très minimes variations, de décalages à peine perceptibles dans le flot d’un rythme obstiné. C’est aussi ce qu’on peut retrouver chez Monet et ses « séries » (les meules de foin ou la cathédrale de Rouen) qui déploient les infimes variations de la lumière sur un même sujet. Monique W. Labidoire offre ainsi un art poétique diffracté comme un miroir brisé en mille éclats qui, chacun, donnent un éclairage sans cesse renouvelé de son objet. 

Cette psalmodie du chant des mots à l’intérieur de l’être évoque aussi le zen, cette philosophie japonaise qui enseigne qu’il n’y a pas d’immobilité mais que la concentration de l’être à l’intérieur de soi donne une force plus grande que cette mobilité désordonnée qui le propre de l’homme occidental. Le petit livre d’Eugen Herrigel, Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc a révélé dans les années 1950 au public occidental ce qu’est cet « art du détachement véritable », en montrant que ce n’est pas la cible qui importe mais le mouvement du tir ou plutôt la concentration du tir, la volonté intime de tirer. La recherche du commencement des choses par Monique W. Labidoire est du même ordre : se posant face à la source des mots, elle veut à toute force figurer ce que le poème porte et apporte – fut-ce en creusant, déchirant, reprenant, revenant sans cesse sur le motif. Jusqu’à ce que le poème advienne : « Le chant bataille (…) Le poème rassemble » écrit-elle pour dessiner ce chemin qui est, dit la philosophie zen comme cette poète occidentale, plus important que le but. 

Pour revenir au sens de la vie, le poète en est toujours le porteur, de quelque manière qu’il le questionne. C’est pourquoi Monique W. Labidoire revient sur ce mouvement obstiné des marées, éternel retour du même qui n’est jamais le même : ce livre est précisément à l’image de ces marées sans cesse recommencées, avec à chaque page ce subtil décalage, ne serait-ce que dans les titres réitérés de chaque poème, « Du poème » pour la première moitié du livre, « Le poème » pour la deuxième partie. Ou bien, autre figuration à l’intérieur même de ces pages, le mouvement infime qui fait glisser de « ancrer le chant » à « encrer son sang » ou à « encrer son chant ». C’est encore une fois ce miroir brisé mais que le re-tissage de l’écriture cherche à reconstituer – pour s’y regarder ? Car il y a dans cette volonté de saisir l’écriture poétique à son commencement une sorte de vertige qui implique en même temps une « morale » : « Etre avec soi chaque jour » écrit Monique W. Labidoire, c’est-à-dire être en éveil, à chaque instant, devant chaque fleur, chaque rivière, chaque visage, pour composer cet « herbier de mots » par essence infini mais dont chaque poème, stèle posée contre l’exténuation du temps, justifie cet éveil permanent, cette litanie du vouloir contre le subir. Et, creusant toujours plus loin, plus profond dans ce qui nous obsède et nous fait vivre, dans ce poème palimpseste d’un secret infiniment traqué, elle ajoute : « c’est toujours l’heure du défi devant l’inconnu qui s’agite et émerveille face à ces alliances venues du plus obscur de nous-mêmes ». Pourtant, que ce soit à travers les roses ou à travers le bleu, du ciel ou de la mer, à travers ces vagues de mots qui reviennent sans cesse sur la plage du sens, à travers ces délicates touches peintes d’un geste vif comme celui, au Japon, du peintre d’idéogrammes, il y a un chemin, celui qui conduit à l’ultime rencontre, si magnifiquement et si tragiquement évoquée à l’ultime page du livre, cet « Art poétique » enfin nommé : « La beauté veille en proue d’un bastingage qui la protège mais jusqu’à quel bris de bois et de voiles, jusqu’à quel abandon des dieux. Voguer au ciel de traine jusqu’à la définitive rencontre des goélands et la contempler, Elle, l’innommable, avec ses ailes de géant dans son obscure et mystérieuse lumière ». Au bleu du ciel succède le noir : la poésie se joue là, dans ce battement infini dont ce beau livre trace le portrait.

Alain Duault

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